1
D'abord, celui dont est partie la
"légende" du Yéti. En novembre 1951, le
célèbre alpiniste anglais Eric Shipton
explorait la région de l'Everest en vue
d'étudier de nouvelles voies d'accès. "Vers la
fin de l'après-midi, nous aperçûmes dans
la neige les empreintes dont on a, depuis, passablement
parlé. Nous nous sommes contentés de les
suivre dans la mesure où leur direction
coïncidait avec la nôtre, c'est-à-dire sur
1500 mètres environ, car nous étions
lourdement chargés, et nous trouvions absorbés
par notre exploration du bassin, devenue à ce moment
particulièrement intéressante..."
Précisons que pour Shipton,
ces traces n'étaient pas une première.
Plusieurs fois, dès les années trente, il en
avait trouvé dans la même région, avait
tenté de les suivre, et dû renoncer car elles
disparaissaient dans les moraines. D'autres alpinistes
anglais (Tilman, Hunt et d'autres) avaient vécu la
même expérience. Toutefois, ces nouvelles
empreintes étaient plus fraîches et plus
nettes.
"Sen Tensing - pour qui il ne
faisait aucun doute que les créatures (car il y en
avait au moins deux) ayant laissé de pareilles
empreintes fussent des Yétis, c'est-à-dire des
hommes sauvages - me raconta que, deux ans plus tôt,
un groupe de Sherpas, dont il faisait lui-même partie,
en avait aperçu un à Thyangbotchi, à
une vingtaine de mètres de distance. La
créature, qu'il décrivait comme mi-animal,
mi-homme, se tenait debout. Sa taille était de 1m 70
environ. Il avait une grande tête pointue, un corps
couvert de poils brun-roux et un visage imberbe (...) Quel
que fût l'être qu'il avait aperçu, il
affirmait qu'il ne s'agissait ni d'un ours ni d'un singe,
animaux dont l'aspect lui était bien entendu tout
à fait familier..." (cité notamment par
Bernard Heuvelmans, "Sur la piste des bêtes
ignorées", voir bibliographie).
2
1979, un éducateur du nom de
Kozlovsky visite les éleveurs de rennes evenks de la
région de Magadan (sur la côte pacifique de la
Russie) pour améliorer leur éducation. En
particulier, le programme comporte des notions sur les
hommes préhistoriques, en vue d'inculquer aux Evenks
l'athéisme de rigueur. Pour illustrer ses propos, il
dispose de diapositives et projette une reconstitution
d'Homo erectus. A sa grande surprise, les plus
âgés de ses auditeurs réagissent
immédiatement : "C'est le Pikélian !" Et il
retrouve cette même réaction dans le village
suivant. Il découvre que le Pikélian, rarement
observé, est un homme sauvage, tout poilu. Il peut
retrouver des gens apparemment sains d'esprit qui ont vu de
leurs yeux l'incroyable créature
(cité
par Dmitri Bayanov, "In the footsteps of the Russian
Snowman", voir bibliographie et article)
3
En automne 1950, à Belokany
(Georgie alors soviétique), Khadji Mourat, chauffeur
et aussi un peu voleur (activité traditionnellement
honorable dans le Caucase), venait de dérober un sac
de riz dans un moulin et rentrait chez lui. Pour ne pas
être remarqué avec son larcin, d'autant que la
lune était pleine, il suivait le bord d'une
rivière, à l'écart du chemin normal. A
un moment, il entend un clapotis dans l'eau,
tout-à-fait inhabituel, comme si quelqu'un
s'aspergeait vigoureusement. Il pense que son voisin est en
train de se baigner. Il se demande comment ne pas être
vu, regarde de derrière un rocher. Il aperçoit
une personne debout dans l'eau. "Le voisin n'est pas si
grand", pense-t-il. Mourat remarque alors que le baigneur a
les cheveux long, et il se figure que c'est plutôt la
voisine. Une pulsion de voyeur le saisit, il contourne un
rocher et va jusqu'à ramper pour la voir de plus
près. Alors, l'effroi le cloue sur place. C'est bien
une femme, mais poilue, avec des seins énormes et
très longs qu'elle projette dans l'eau avec violence,
et un visage quasiment simiesque. Pris de panique, Mourat se
précipite chez le fameux voisin. Ce dernier consent
à sortir avec son fusil, mais la créature (que
tous deux savent être un kaptar, même s'ils
n'imaginaient pas en voir si près de chez eux) a
disparu. Et Mourat doit partager son riz avec le voisin
(témoignage recueilli par Marie-Jeanne Koffmann et
reproduit dans Archeologia, voir bibliographie).
4
Janvier 1947. André Ledoux
dirige le Service zoologique de l'Institut d'enseignement et
de recherches d'Adiapodoumé, à vingt
kilomètres d'Abidjan (Côte d'Ivoire). Un jeune
Africain, employé de l'Institut, vient le trouver et
lui demande, sur un ton mystérieux, si on trouve des
pygmées en Afrique. Ledoux répond que oui,
mais pas dans la région, et il lui prête un
livre sur le sujet. En même temps il s'étonne :
pourquoi ce soudain intérêt pour les
Pygmées ? L'autre finit par avouer qu'un de ses
collègues en a vu un, pas plus tard que la veille, et
pas plus loin qu'à cinq cents mètres. Pourquoi
ce collègue n'est-il pas venu en parler
lui-même ? Parce qu'il avait peur que le professeur,
qui est aussi après tout le patron, se moque de lui
et ne le prenne plus au sérieux. Les Blancs ne
prennent jamais au sérieux ce genre d'histoires.
André Ledoux promet de ne pas se moquer, de ne le
révéler à personne, etc. Il parvient
à faire parler le témoin. Or ce que ce dernier
a vu ne correspond à rien de connu. C'était un
petit homme aux longs cheveux roux "pareils les blancs",
couvert de poils également roux. Bien que sceptique,
le professeur questionne les villageois des environs,
recueille d'autres témoignages comparables, mais se
heurte à l'affirmation répétée
que l'on ne fait cette rencontre "qu'une seule fois dans une
vie d'homme", et qu'elle porte malheur (cité par
Bernard Heuvelmans, "Bêtes humaines d'Afrique", voir
bibliographie).
Une remarque : ce témoignage
serait resté inconnu si André Ledoux,
plusieurs années après, alors qu'il
était rentré en France et exerçait
à Toulouse, n'était tombé sur un livre
dont nous reparlerons, évoquant brièvement ces
mêmes petits hommes aux poils et cheveux
roux.
5
20 novembre 1977. Une
cavalière de 13 ans, Julie Clark, se promène
près de Katoomba (Australie). Son cheval fait un
brusque écart, au point qu'elle a du mal à
rester en selle. Elle remarque alors une sorte d'homme-singe
de plus de deux mètres, occupé à manger
des baies, et qui la regarde. Elle ne demande pas son reste
et s'enfuit au galop.
Une remarque : c'est la
réaction du cheval qui permet de repérer la
créature. De nombreuses autres observations
inopinées d'"hommes sauvages" à travers le
monde commencent de cette façon.
6
12 août 1969, 21 heures 30,
près d'Oroville (Californie). Charles Jackson
regarde, avec son fils de six ans, le feu qu'il a
allumé dans la cour de sa ferme. Un bruit les fait se
retourner. Ils voient, à cinq mètres, "un
grand singe mais d'aspect humain", haut de pas moins de huit
pieds (2m40), couvert de poils gris sauf sur la face, noire.
Charles Jackson, qui n'a jamais entendu parler de bigfoot,
entasse toute sa famille dans sa voiture et s'en va
prévenir la police, qui ne trouvera aucune trace (le
temps était sec) (cité par Jean-Jacques
Barloy, "Les survivants de l'ombre", voir bibliographie).
|