Les données qui suivent
viennent, pour la partie "préhistorique", de Claude-Louis
Galien (Homo, PUF, 1998), et pour la partie hominologique de Dmitri
Bayanov, "America's Bigfoot, Fact, not Fiction", Crypto Logos,
Moscou, 1997.
Mars 2001 : un complément
sur la façon de se retourner de Patty, et le fémur
de Néanderthal.
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Extrait
de "American Bigfoot, Fact, not Fiction" (D Bayanov),
voir bibliographie
Même la partie purement préhistorique
de ce qui suit a été, à chaque fois qu'elle a pu
émerger, enterrée voire ridiculisée.
- A partir de 1886 : l'anthropologue
belge Julien Fraipont étudie notamment les membres inférieurs
des néanderthaliens de Spy et conclut qu'ils ne pouvaient étirer
complètement la jambe (structure du genou et tibia "rétroversé").
C'était une époque où l'on commençait
à peine à admettre l'existence des néanderthaliens,
et ce détail passe inaperçu.
- 1922 : le préhistorien français
Marcelin Boule constate la même chose sur le néanderthalien
de La-Chapelle-aux-Saints. La notoriété mondiale de
Boule oblige à réagir... et on lui rétorque que
cela ne tient pas debout, littéralement : son néanderthalien
devait, mécaniquement, basculer en arrière !
- 1928 : William Pycraft, du British
Museum, constate encore la même chose, cette fois sur l'Homme
de Rhodésie (ou de Broken Hill, considéré lui
le plus souvent comme un "erectus évolué"). Pycraft
va jusqu'à proposer le nom de Cyphanthropus
rhodesiensis, "l'Homme accroupi"... car il ne devait pouvoir que
s'accroupir à l'arrêt, sous peine de tomber en arrière.
On se moque de lui, on l'oublie.
- 1954 : le préhistorien ukrainien
Gleb Bontch-Osmolovsky, après des études poussées
du néanderthalien de Kyik Koba (Crimée), observe que
son talon (plus précisément
le calcaneum) est prolongé vers l'arrière...
juste ce qu'il faut pour éviter ce fâcheux basculement
(avec le bombement de la cage thoracique vers l'avant). Mais on ne
le relève guère.
- 1967 : Roger Patterson tourne le
film
que l'on sait, près de Bluff Creek, Californie, et qui montre
ce qui ressemble à un "erectus évolué" au vu
de la tête.
- 1970 : le bio-mécanicien russe
Dmitri Donskoy étudie ledit film, met en évidence le
genou constamment courbé, et le talon prolongé qui le
complète et le compense, et enfin la démarche qui en
découle mécaniquement, largement aussi efficiente que
la nôtre, et que nous ne pourrions imiter. Le genou courbé,
notamment, amortit les chocs de la marche bien mieux que notre pauvre
voûte plantaire. Joint à la musculature plus développée
que la nôtre (qui peut aussi se déduire du squelette
plus robuste que le nôtre chez Homo
(sapiens) neanderthalensis et Homo (sapiens) rhodesiensis),
cela devait permettre une vitesse bien supérieure à
la nôtre.
Bref, Dmitri Donskoy aurait aimé
pouvoir donner ces jambes-là aux athlètes soviétiques
dont il avait en charge l'amélioration des performances.
Le retournement
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A gauche, fémurs comparés
de Néanderthal (à droite) et sapiens (à gauche).
Notez la robustesse supérieure de Néanderthal, mais
surtout la longueur supérieure du col (in Josef H. Reichholf
"L'Emergence de l'homme", Flammarion, 1993).
Ci-dessus, Patty au moment où
elle se retourne.
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Marie-Jeanne Koffmann
avait déjà remarqué la façon très
particulière dont Patty regarde ce qui se passe derrière
elle. Au lieu de tourner le cou comme nous le ferions, elle fait
pivoter l'ensemble de son buste, alors même que ses jambes
restent dans la direction de sa fuite, d'où un déhanchement
peu confortable pour nous. Néanderthal et Erectus avaient
d'une part un cou plus épais et moins mobile que le nôtre,
mais aussi un col de fémur plus allongé (voir illustration),
favorisant précisément ce type de mouvement. Tout
se tient.
Jean Roche
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