Fictions
inspirées
Les oeuvres de fictions
inspirées explicitement par les yétis,
bigfoots et autres sont rares, très rares. Bien
sûr, l'énumération qui suit ne
prétend pas être complète, loin de
là, mais enfin on admettra que le thème n'est
vraiment pas fréquent. Cela confirme que
l'explication par le mythe est pour le moins branlante.
Relevons quelques exceptions tout de même.
L'attendrissant "Bigfoot", du film "Bigfoot et les
Henderson", accumule les catastrophes mais elles sont de bon
goût, et la situation globale reste très
vivable. Parlez-en donc à Frank
Hansen (si par
extraordinaire il accepte d'en parler). Dans un
épisode de la série
télévisée McGyver, les héros
sont confrontés à un sasquatch
particulièrement agressif, dont les cris
sèment la terreur. McGyver lui-même doit
bientôt l'affronter. Mais en fait, c'est un homme
déguisé, dont le travail consiste à
écarter tout intrus d'une zone utilisée par
une bande de malfaiteurs. A la fin, quand les
méchants sont arrêtés, le héros
entend, tout près, le cri du sasquatch. Il se
retourne vivement... et se retrouve face au
magnétophone utilisé pour diffuser les cris de
la créature. A peine remis de cette émotion,
il entend de nouveau un cri comparable, mais venu de quelque
part dans les profondeurs de la forêt. Et cette fois
personne ne comprend plus. Un épisode d'une autre
série américaine, "Code Quantum",
évoque aussi le Sasquatch... et se termine
inopinément par un extrait du film historique de
Roger Patterson.
BD
Mais c'est la bande dessinée
qui donne la moisson la plus riche. Et d'abord, bien
sûr, "Tintin au Tibet". Pour l'écrire,
Hergé s'est documenté auprès de son ami
Bernard Heuvelmans, une garantie supplémentaire. Et
pourtant on est loin de s'y retrouver. Bien sûr, on
cite en passant des témoignages, comme celui du
Sherpa Anseering;, ou l'anecdote, réelle, du
yéti qui s'était enivré à la
bière, une nuit, dans un village népalais (les
habitants en avaient profité pour le ligoter, mais
à son réveil il avait facilement rompu ses
liens et s'était enfui). Mais ce sont à peu
près les seuls éléments concrets et
réalistes cités dans tout l'ouvrage. Le
yéti un peu trop gigantesque d'Hergé est seul
de son espèce, apparemment, ce qui détruit la
vraisemblance.
Mais ce yéti-là est
plutôt une allégorie, un symbole. Le ressort
essentiel de l'action évoque une recherche de
soi-même, une quête mystique, ponctuées
de rêves, signes et visions, dont le jeune Tchang
serait le but suprême et sublime. Et le yéti y
apparaît comme l'"Ombre du Soi", comme on dit chez
Jung, l'aspect terrifiant de ce même but
suprême. Hergé a écrit "Tintin au Tibet"
à l'issue d'une psychanalyse jungienne. Mais
présenter le yéti n'était pas son but
(pas plus d'ailleurs que parler du Bouddhisme
tibétain ou de l'Himalaya).
Marc Dacier, qui a fait les
beaux jours du journal Spirou, est comme Tintin un
reporter-globe-trotter-redresseur-de-torts. Une de ses
aventures, publiée au début des années
soixante, s'intitule "L'abominable homme des Andes". De quoi
saliver, d'autant que les Andes ne sont pas le dernier
endroit à fournir des témoignages
précis et prometteurs sur des bipèdes velus.
Mais en fait, on découvre au détour de
l'action que les mystérieuses et inquiétantes
créatures sont des Incas déguisés.
Passons.
Et venons-en à l'ouvrage le
plus intéressant, "Yeren", de Marc Wasterlain (paru
dans Spirou au milieu des années 80, et aux
éditions Dupuis en 1987). Cette fois, l'auteur
propose explicitement de nous faire réfléchir
et de nous instruire tout en nous distrayant ("Bien que se voulant avant tout un
récit d'aventures, cette fiction emprunte cependant
beaucoup d'éléments réels et
résume, sans doute, l'aventure extraordinaire qui a
été à l'origine de
l'homme..."). Et il y
parvient à merveille. Si les commentaires qui suivent
peuvent apparaître quelque peu critiques, ce n'est pas
du tout pour marquer une quelconque déception, ni
pour le plaisir de donner des leçons. Je n'ai pas la
prétention d'apprendre son métier à cet
auteur, élève entre autres de Peyo. L'oeuvre
est très bien ainsi, et ne reprochons pas à
Wasterlain d'user des clichés de la BD : c'est cela
qui lui permet, à chacun de ses albums, d'atteindre
au plus vite l'essentiel. Simplement, il se trouve que les
lieux communs et pour finir les impasses où il se
fourvoie, en dépit ou peut-être à cause
du très grand sérieux de sa recherche, sont
hautement significatives.
L'album se divise en quatre
parties, de tailles inégales, toutes tournant autour
du problème de nos ancêtres et cousins animaux.
Seule la dernière touche directement notre sujet,
mais les trois premières sont aussi
instructives.
Premier épisode : il y a
deux millions d'années, à Olduvaï en
Tanzanie, une famille d'australopithèques est
attaquée par un dinothérium (cousin fossile
des éléphants). L'un des hommes-singes se
sacrifie, provoque le colosse, et l'attire sciemment dans
des sables mouvants où tous deux disparaissent. Donc,
premier cliché : on retrouve, dramatisé
à souhait, le thème rebattu, obsessionnel, de
l'héroïsme de nos ancêtres dans la lutte
quotidienne pour la survie.
Deuxième épisode : au
même endroit, de nos jours. Des paléontologues
de la fondation Leakey fouillent avec ardeur, gaieté,
et succès. Ils sont assistés par Jeannette
Pointu (reporter-globe-trotter-redresseuse-de-torts : un
cliché bien pratique). Y apparaissent aussi quelques
personnages dont un "Yves Copain" (pseudonyme transparent
pour Yves Coppens, le grand spécialiste
français). Le campement reçoit la visite
d'Anne Fosset (pseudonyme non moins transparent de Dian
Fossey, la célèbre protectrice des gorilles),
venue pour raconter ses graves problèmes, et surtout
demander encore un peu plus d'argent à la fondation
Leakey. L'atmosphère devient plus dramatique.
Troisième
épisode : Jeannette Pointu rend à son tour
visite à Anne Fosset, ce qui nous vaut une
présentation particulièrement vivante et
émouvante de cette dernière, et de ses
protégés. Là interviennent les
méchants, une bande de braconniers, et surtout leur
chef et commanditaire, Tob's : un aventurier-tueur
(cliché utilitaire là aussi), cupide,
hargneux, impulsif et vindicatif, qui sera l'assassin d'Anne
Fosset.
Quatrième
épisode : Jeannette est à Hong-Kong pour
suivre la filière du trafic. Elle a en effet pu
savoir qui était l'employeur de Tob's. Ce
deuxième méchant, bien typé lui aussi,
est le patron d'une grosse société
d'import-export, qui écoule notamment des têtes
et pattes de gorilles, utilisées pour des
médecines chinoises parallèles. Chemin
faisant, elle découvre dans une boutique
d'apothicaire des "dents de dragon", c'est-à-dire de
gigantopithèques fossiles (effectivement
découvertes dans de tels endroits, longtemps
auparavant). De fil en aiguille, nous en arrivons à
la partie qui nous intéresse directement et donne son
titre à l'ensemble. L'auteur évoque en passant
l'ampleur mondiale du problème. Donc Jeannette se
rend aux confins sauvages et mal famés de la Chine et
de la Birmanie (tout près du "Triangle d'or"). Les
multiples obstacles pour y arriver sont très vite
contournés (mais pas ignorés, ce n'est
simplement pas le sujet essentiel). Et Tob's s'y rend aussi,
pour offrir à son patron une dépouille de
yéren, et se venger de Jeannette Pointu.
Et les yérens sont au
rendez-vous. Suivent alors quelques péripéties
sanglantes, où l'on trouve des guérilleros
birmans, des peuplades restées à l'âge
de pierre, des trafiquants complices de Tob's. Et l'on revit
la scène du début. Un yéren se sacrifie
pour sauver les siens, et attirer le tueur dans des sables
mouvants où tous deux disparaissent. Toujours
l'héroïsme, qui n'aide vraiment pas à
comprendre comment ces êtres peuvent à ce point
rester ignorés. Un héros ne se cache
pas...
Et la conclusion, en queue de
poisson, prend la forme d'une dépêche d'agence
: "Echec de l'expédition scientifique : le
yéren n'est qu'une légende, affirme notre
consoeur Jeannette Pointu". Curieux revirement. On sent
l'auteur fasciné par le sujet, mais aussi
déconcerté (comme tout le monde, d'ailleurs)
par LA question : pourquoi n'arrive-t-on pas à
déboucher, à décrocher LA preuve ? Son
oeuvre n'apporte aucune réponse, il ne mentionne
même pas le caractère nocturne, qui n'explique
pas tout mais y contribue quand même un petit peu.
Accessoirement, ses jungles "impénétrables"
sont quasiment des jardins à l'anglaise. Alors il se
console en estimant que nous sommes vraiment trop cruels et
trop stupides pour mériter d'approcher
réellement ces êtres. L'épisode chez les
gorilles ne le confirme que trop.
Fictions non
inspirées
Il s'agit à présent
de fictions mettant en scène des êtres
intermédiaires entre Homme et Animal, mais qui ne
doivent rien aux yétis, bigfeet, etc.
Les animaux
dénaturés
"Que si on en trouve un peuple
encore en vie dans quelque massif isolé de
Bornéo, quel malheur pour toute l'anthropologie ! Car
elle serait incapable, d'après la description de ces
créatures, et faute de définition du
comportement spécifique de l'homme, de les classer
dans le genre animal ou dans le genre humain - et du
même coup le problème serait insoluble de
savoir comment les traiter, en électeurs ou en
bêtes de somme."
(Vercors, "Ce que je crois", Grasset 1975).
L'écrivain français Vercors (Henri Bruller,
1902-1992) a donc publié, en 1952, un roman
intitulé "Les animaux dénaturés", qu'il
devait par la suite adapter au théâtre. La
catégorie dont il relève pourrait s'appeler
"roman dialectique". Cela ne signifie pas qu'il soit par
trop sérieux ou pédant, car l'auteur se doit
d'ajouter humour, pittoresque, sentiment et suspens. "Les
call-girls" d'Arthur Koestler sont un autre bon exemple. Le
but est d'approfondir un débat à la fois
scientifique et philosophique qui passionne l'auteur, sans
que ses opinions soient arrêtées. Alors il met
en scène un débat formel, dans le cadre d'un
procès ou d'un colloque, où des témoins
et des experts sont cités, où des personnages
défendent avec talent des points de vue
opposés.
Au lendemain de la seconde guerre
mondiale, une équipe de préhistoriens
britanniques découvre, dans un recoin quasiment
inexploré de la Nouvelle-Guinée (qui reste,
aujourd'hui encore, un des secteurs les moins accessibles de
la planète) une population de pithécanthropes
bien vivants. Un certain nombre de ces "tropis" peuvent
être capturés, ou apprivoisés, et
emmenés en Angleterre. La question de leur
humanité ou non prend bientôt un tour
dramatique. Un trust australien du textile, qui se trouve
être propriétaire de la région où
ils ont été trouvés, se propose de les
utiliser comme travailleurs. Ils sont dociles, montrent la
même dextérité que les hommes, mais on
peut les traiter comme des animaux. Le héros du
roman, Douglas Templemore, s'est prêté à
une expérience (par insémination
artificielle, est-il précisé) pour savoir si
un métissage est possible entre homme et tropi.
Expérience concluante !
Délibérément, de sang-froid, il tue
l'étrange bébé que lui a donné
sa "tropiette", non sans l'avoir fait baptiser et inscrire
à l'état-civil. Puis il se dénonce
à la police. Il espère ainsi obliger la
justice de son pays à déclarer les tropis
humains, et contrecarrer ainsi les projets esclavagistes des
Australiens. Au risque de se voir condamné à
la pendaison. Tout se passe comme prévu, et
même un peu mieux. Les très laborieuses
discussions "pour ou contre" l'humanité des tropis
constituent la partie la plus remarquable du roman. Il
semble que l'auteur ait choisi pour cadre la Grande-Bretagne
parce que les pratiques judiciaires de ce pays se
prêtent mieux au genre de débats
contradictoires qu'il souhaitait. On y apprend que jamais
aucun législateur, dans aucun pays, à aucune
époque, ne s'est soucié de définir
l'être humain. Pour finir, les tropis sont bien
déclarés humains... et Douglas Templemore est
acquitté car aucune loi ne peut être
rétroactive.
Pour cet auteur, il ne s'agissait
que de fiction. La réalité, lui non plus ne
voulait pas la voir. Et ceux qui acceptent de la voir sont
aveugles aux problèmes pourtant bien concrets
posés par ce même Vercors (Porchnev, par
exemple, ne le cite que pour rejeter en bloc ses
réflexions). Et l'on piétine. Quelles
différences voyons-nous entre les situations de cette
fiction et celles que nous constatons dans la
réalité à propos de nos HR ?
a) On trouve les tropis au fond
d'une jungle inexplorée, où l'Homme
(l'Occidental tout au moins) pénètre pour la
première fois. C'était évidemment le
plus simple, le plus crédible a priori.
b) Une fois trouvés,
les tropis se montrent étonnamment avenants, dociles
et sociables. Tout au plus, les mâles montrent une
certaine nervosité et une certaine
instabilité, mais juste ce qu'il faut pour la
vraisemblance, pas au point de compliquer l'action. Et
même après qu'un certain nombre aient
été capturés, les autres restent
parfaitement accessibles.
c) Les héros ne sont
pas des robots, ils éprouvent, à des
degrés divers, étonnement, exaltation,
angoisse, indignation, peur, soulagement, selon les
circonstances. Mais là encore juste ce qu'il faut
pour paraître humains, pas assez pour perturber
l'intrigue. Ces émotions restent toujours assez
modérées pour être contrôlables.
Jamais elles ne les submergent. Jamais ils ne perdent la
tête. Le moins qu'on puisse dire est que c'est
rarement le cas des personnes confrontées, dans la
réalité, au problème (de ce point de
vue au moins, Hergé s'est montré plus
réaliste).
d) Les tropis ne montrent pas de
capacités physiques exceptionnelles. A la
lumière de très nombreux témoignages,
si des HR devenaient des humains à part
entière, ils atomiseraient sans aucun effort la
plupart de nos records d'athlétisme...
Homme-animal
"Les animaux
dénaturés" n'est pas la seule oeuvre
littéraire où l'on s'aventure près la
frontière homme-animal. Mais enfin ce thème
n'est pas non plus fréquent, comme il le serait s'il
était impulsé par un mythe. Le plus souvent,
il s'agit d'hommes à part entière qui se
retrouvent plus ou moins complètement changés
en animaux, d'une manière totalement incongrue. Dans
"Les métamorphoses" de l'auteur latin Apulée,
le héros, Lucius, se trouve changé en
âne pendant la plus grande partie de l'action. Il
continue à ressentir en homme mais ne peut
l'exprimer, et subit d'innombrables tribulations
jusqu'à ce qu'il puisse enfin avaler les roses qui
lui rendent son humanité. "La belle et la bête"
est un autre exemple, ainsi que "Les aventures de
Pinocchio". Dans ces trois cas, le propos était
lourdement moralisateur.
Dans "La métamorphose" de
Franz Kafka, le malheureux héros se trouve subitement
et sans explication transformé en une sorte de gros
scolopendre qui finit par mourir. Plus grinçant
encore, "Gloire à nos illustres pionniers" de Romain
Gary. Dans cette très courte nouvelle, des hommes, de
leur plein gré, deviennent poissons,
crustacés, mollusques, etc. pour faire avancer la
Science et conquérir l'Océan. A la fin, ils
n'ont pas encore perdu toute raison humaine mais on
précise que ce n'est plus qu'une question d'heures.
La foule (restée humaine) les acclame tandis qu'ils
s'enfoncent dans la mer.
Il est plus rare encore que des
animaux accèdent inopinément à
l'humanité, ou à quelque chose qui s'en
rapproche. C'est le cas dans "La guerre des salamandres" du
Tchèque Karel Capek, qui a aussi fourni à la
science-fiction cet autre cas-limite que sont les robots.
Là, les limites entre hommes et bêtes sont plus
que transgressées, elles sont atomisées.
Certaines salamandres sont vendues au poids pour nourrir les
hommes, mais d'autres leur donnent des conférences
très savantes, avec toute une série de cas
intermédiaires. Pour finir, les salamandres
deviennent les plus nombreuses et les plus fortes et
entreprennent de faire disparaître les continents en
transportant toutes les terres dans la mer. Toujours
l'humour grinçant.
Par contre, bien sûr, les
fictions montrant des animaux humanisés, ou des
hommes ayant quelques traits animaux, sont innombrables, pas
seulement chez Walt Disney. Mais il s'agit alors d'une
situation jugée normale et stable par les
protagonistes de l'action, jamais d'un cas-limite angoissant
ni d'une évolution déconcertante.
Les voyages de
Gulliver
En quoi le célèbre
roman de Jonathan Swift (1667-1745) intéresse-t-il
notre étude ? On y rencontre des créatures
odieuses appelées yahoos, décrites ainsi :
"... Leur tête et leur
poitrine étaient couvertes d'un poil épais,
frisé chez les uns, plat chez les autres ; ils
avaient des barbes de bouc, et une longue ligne de poils le
long du dos et sur le devant des jambes et des pieds..."
Quant aux femelles, elles
"n'étaient pas si
grandes que les mâles ; elles avaient de longs cheveux
plats sur la tête, mais aucun poil sur la face, et
rien qu'une sorte de duvet sur le reste du corps,
excepté autour de l'anus et de leur pudenda. Leurs
mamelles pendaient entre leurs pattes de devant, et souvent
touchaient presque le sol pendant qu'elles
marchaient..." Pour l'instant,
pas grand chose d'humain, même si les longues mamelles
pendantes doivent déjà faire dresser l'oreille
de quiconque connaît un peu la question. Mais quelques
pages après : "Mon
horreur et mon étonnement ne sauraient se
décrire, lorsque je reconnus dans cet abominable
animal une figure humaine parfaite ; le visage était
à la vérité plat et large, le nez
déprimé, les lèvres grosses et la
bouche grande, mais ce sont là des caractères
communs à toutes les nations sauvages (...) et chaque
partie de nos corps était la même chez l'un et
chez l'autre [un yahoo et Gulliver !] excepté pour ce
qui est des poils et de la couleur..." En dehors des lèvres
épaisses (manifestement empruntées aux Noirs
d'Afrique), on a donc trop de caractéristiques de nos
HR pour que ce soit dû au hasard. Il se trouve que
"yahoo" est une des dénominations des HR australiens,
mais il se pourrait bien qu'elle ait été
inspirée par l'oeuvre de Swift et non l'inverse.
Boris Porchnev estime que l'écrivain a tout
simplement pris son modèle dans sa patrie, l'Irlande,
dont les leprechauns
n'avaient pas totalement disparu en son temps.
Toutefois, les yahoos de Gulliver
restent jusqu'au bout d'une bestialité et d'une
abjection sans faille. Et ils sont domestiqués par
les houyhnhnms, des êtres suprêmement
civilisés, sages, savants et magnanimes... mais qui
n'en sont pas moins, physiquement, des chevaux.
|