La cryptozoologie, fondée
par Bernard Heuvelmans, est la science des animaux
cachés, dits "cryptides", qui ont
échappé à ce qu'il est convenu
d'appeler la Science. L'hominologie, terme utilisé
par Dmitri Bayanov, traite plus spécifiquement des
hominidés cachés. On la considère le
plus souvent comme une simple branche de la cryptozoologie.
Ce n'est pas forcément sain.
Démonstration.
Extension
géographique
On a signalé, avec certes
plus ou moins de précision et de
crédibilité, des HR de taille au moins
comparable à la nôtre, depuis moins de dix ans
et à moins de cent kilomètres de Los Angeles,
Cleveland, New York, Sydney,
Moscou1,
Aberdeen2,
Barcelone3,
Nice4,
etc. etc. Les HR ne respectent absolument pas les grandes
régions bio-géographiques
(paléarctique, néarctique, australasienne,
etc.). C'est ainsi qu'on en signale massivement en
Australie. Or l'Australie ne compte aucun mammifère
placentaire hormis des chauve-souris, et bien sûr
l'Homme et tout ce qu'il a pu amener avec lui. Alors ces HR
ont-ils pu traverser les mers par leurs propres moyens, ou
ont-ils accompagné des sapiens comme esclaves,
bétail, associés ou parasites ? Elément
de réponse, on a prouvé récemment que
des Homo erectus d'il y a 800 000 ans ont forcément
navigué pour gagner l'île de Florès
(Indonésie). En tout état de cause, le
problème n'est pas zoologique. Plus important, cette
dispersion géographique, dans des régions qui
apparaissent de moins en moins "reculées", rend
encore plus indigeste le problème de leur incognito
persistant. Aucun autre cryptide terrestre ne manifeste une
ubiquité aussi insolente, peut-être parce
qu'aucun n'est à ce point nomade. Là encore la
zoologie, crypto ou non, n'est d'aucun secours.
Ethique
Il s'agit, en gros,
d'êtres intermédiaires entre l'Animal et
l'Homme. Cela pose un problème moral et psychologique
tellement aigu que... beaucoup ne veulent absolument pas le
voir. Si bien que quand on passe en revue la longue liste
d'échecs souvent cuisants qui constituent une bonne
part de l'histoire de l'hominologie, on se rend compte que
c'est précisément cette question
refusée ou refoulée qui a fait capoter
l'affaire. Plus globalement, à chaque fois qu'on
semble à portée d'une avancée
significative, il se produit une situation de crise, y
compris entre les chercheurs concernés. C'est
particulièrement le cas pour l'"Iceman du Minnesota"
(voir Iceman
coup de théâtre
?). On a durement
reproché à Heuvelmans de n'avoir pas
respecté l'engagement (fait aussi en son nom quoi
qu'il dise) par Ivan Sanderson, de ne rien publier sans
l'accord de Hansen. Il s'en est défendu en invoquant
l'intérêt supérieur de la Science. C'est
effectivement défendable. Peut-on dire, malgré
tout, que cette histoire prouve la nécessité
de tenir ses promesses ? Trop facile. Car cette affaire
d'engagement trouve un écho inversé en Russie.
En 1988, Maya Bykova, ancienne assistante de Boris Porchnev
et hominologiste chevronnée, s'est vue traitée
de folle et de menteuse, et à peu près mise au
ban de la communauté cryptozoologiste moscovite.
Pourquoi ? Elle affirmait avoir observé à deux
reprises, de près, un HR exceptionnellement stable
dans ses habitudes (il fréquentait l'endroit depuis
près de quarante ans, toujours à la même
période de l'année), et peu farouche, dans
l'ouest de la Sibérie. Cette observation semblait
pouvoir être répétée quasiment
à volonté. Mais elle avait promis de ne pas
révéler l'emplacement exact, ni le nom de
celui qui lui avait permis cette observation. Et contre
vents et marées, elle tint sa promesse. Quant
à son informateur, moins compromis pourtant que
Hansen, il ne voulait absolument pas d'une arrivée
massive de savants ou de curieux dans sa forêt
.
En psychologie, à la suite
de Gregory Bateson, on appelle "double bind" ou "double
contrainte" le fait d'exiger de la volonté d'une
personne des choses qui n'en dépendent pas, ou qui
sont inconciliables. Si cette personne intériorise
durablement l'exigence, les conséquences sont
catastrophiques (schizophrénie, dépression
chronique, etc.). Nous avons tous intériorisé,
très tôt, des règles à respecter
vis-à-vis des humains, et d'autres règles,
bien différentes, à respecter vis-à-vis
des animaux. Un être qui n'est ni franchement humain
ni franchement animal représente bien un "double
bind" que chacun s'efforce de fuir à sa façon.
Et voilà pourquoi les recherches hominologiques
piétinent... La cryptozoologie purement "animale" a
moins de soucis...
Jean Roche
1 Dmitri Bayanov, "In the footsteps
of the Russian Snowman", Crypto Logos, Moscou,
1996.
2 Observations
répétées autour de la petite ville de
Torphins en 1993-94 (M Fraser, "Strangeness in Scotland 2"
in "Animals and Men" 9, avril 1996). Trois jeunes hommes,
restés anonymes, auraient vu à deux reprises,
à quelques semaines d'intervalle, un géant
velu. La première fois, ils marchaient en
forêt, la deuxième, ils roulaient en voiture.
L'un d'eux affirma qu'une de ses amies avait aussi vu, deux
fois, une telle créature, depuis son bungalow en
bordure de forêt. Le point le plus "chaud" pour les
observations d'HR en Ecosse serait toutefois le sommet du
Ben Macdhui. Un de mes correspondants américains cite
le Black Mount, et aussi certaines îles (le sud de
Skye et Canna...). C'est ainsi, je n'y peux rien.
3 C'est tout le nord de
l'Espagne, de la Galice à la Catalogne, qui serait
concerné selon certains par ces observations
sporadiques. Plus rarement, l'Andalousie. Voir Sergio de la
Rubia-Munoz, "Wild Men in Spain", The INFO Journal, n°
72, hiver 1995. Exemple parmi bien d'autres :
"Au début de juin 1993,
alors qu'un groupe de spéléologue
s'apprêtait à passer la nuit dans une
église en ruines près de Collada de Vallgrasa,
dans les Pyrénées catalanes, ils entendirent
d'étranges bruits évoquant ceux d'un chat en
colère. Ils virent un être étrange,
poilu, d'environ 1,5m, s'enfuir du
bâtiment".(Año
Cero, n° 40, novembre 1993). Il y a aussi
des cas plus anciens. Eté 1968, un motocycliste dit
avoir dépassé près d'Hostalric
(province de Barcelone), "un
animal avec un gros corps, poilu, bipède, de longs
bras, qui traversait la route, l'air
fatigué". (Horizonte,
mai-juin 1969).
4 Plusieurs témoignages
circonstanciés dans les hauteurs au-dessus de
Vintimille, dans les années 1990.
"L'homme-gorille de Voronov a
pris corps. Un étudiant et un policier disent avoir
vu un "hybride près de Vintimille, où le
savant russe avait tenté de greffer des organes
d'animaux sur des humains (...) Dans la nuit du 7 mai
dernier, un étudiant gare sa voiture près d'un
ancien moulin (...) il voit passer à
côté un géant nu, de 2 mètres,
proportionné comme un gorille, mais qui marchait
debout, d'un pas pesant. L'être lui paraît
humain, mais il ne s'attarde pas à le contempler, il
remonte en voiture et bat tous les records de Schumacher
(sic). Témoignage similaire par un policier qui
rencontre le géant dans la nuit du 27 juillet dernier
(...) L'agent entend des bruits dans les broussailles,
laisse son collègue et va voir. (...) Un être
nu, de 2 mètres, qui le fixe de ses yeux humains et
non moins étonnés. Cou épais et
court..." (Il Giornale, 24
octobre 1997). "Un nouveau
témoignage sur l'"homme-gorille" aperçu dans
les bois près de Vintimille. Un producteur musical
suisse, Jean Singgelos, 49 ans, a dit avoir vu deux fois la
créature. Singgelos s'est décidé
à raconter son histoire après avoir lu un
article sur les étranges observations survenues dans
la région de Grimaldi, aux confins de la France et de
l'Italie (...) La première observation de Singgelos
date de décembre 1996, alors qu'il était
l'hôte de quelques musiciens de Sealza (...) En
voiture avec un musicien, ils se dirigeaient vers Grimaldi
quand "dans les bois il a entrevu une créature
gigantesque, haute de plus de deux mètres, qui se
déplaçait entre les arbustes. Cela ressemblait
au croisement entre un homme primitif et un gorille, les
cheveux longs, l'aspect d'un vieillard". Le récit de
Singgelos a été confirmé par son
compagnon, Bruno Cheli, qui n'a vu toutefois qu'une
silhouette imprécise qui s'éloignait. En
septembre, toujours dans la zone de Sealza, vers 4h30 du
matin, Singgelos, ne réussissant pas à dormir,
entendit et vit "trois étranges
créatures". Une "avait des yeux très grands et
la peau assez ridée" et le "regardait droit dans les
yeux comme pour l'hypnotiser ou engager une communication",
mais il avait bien trop peur".
( Il Giorno, 13 novembre 1997). Ces cas stupéfiants
sont à chaque fois mis en relations avec des
expériences menées vers 1920 par un
scientifique russe, Voronov, pour greffer des organes
animaux sur des hommes. Cette hypothèse est encore
plus invraisemblable que celle d'une existence
présente d'HR dans cette région. Mais si elle
n'avait pas été disponible, il est probable
que les témoignages ci-dessus, quelle qu'en soit la
signification, n'auraient jamais été
connus.
5 Bernard Heuvelmans et Boris
Porchnev, "L'Homme de Néanderthal est toujours
vivant", Plon, 1974. Et Bipédia, mai 1998, pour mon
point de vue sur l'origine du cadavre
congelé.
6 Dmitri Bayanov, opus
cité.

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